23 juin 1894 : naissance des Jeux Olympiques modernes

Culture24 juin 2024

Il y a 130 ans naissaient à Paris les Jeux Olympiques modernes, à l’initiative du baron Pierre de Coubertin.

Samedi 23 juin 1894

En ce samedi 23 juin 1894, au coeur, du 5ème arrondissement parisien, l’instant est historique. Au terme d’un congrès qui a rassemblé des représentants de 13 pays, invités à l’initiative de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques et de son secrétaire général, Pierre de Coubertin, la rénovation des Jeux Olympiques, impulsée par le Baron, est adoptée à l’unanimité par l’assemblée ! Les applaudissements résonnent dans le cadre prestigieuxde la Sorbonne. C’est un coup de maître pour le visionnaire français qui n’en est pas à son coup d’essai. En effet, il y a déjà plusieurs années que Pierre de Coubertin a entamé sa quête, une longue marche sans flambeau mais éclairée par une vision tenace : redynamiser la jeunesse en créant des Jeux d’éducation démocratique et de pacifisme international. Tout un programme que le Baron a nourri au fil des rencontres et alliances. Il l’a d’ailleurs déjà soutenu en ce même lieu, à cette même tribune, deux ans plus tôt, mais à l’époque sans succès. Alors, en ce soir de victoire et d’accomplissement, Pierre de Coubertin peut légitimement porter un toast à « cette joyeuse lueur d’espérance qui revient éclairer le seuil du vingtième siècle ». Il faudra attendre 6 ans encore pour que la France accueille ses premiers Jeux Olympiques d’été, à Paris, en 1900. 130 ans plus tard, la lueur est devenue flamme, et elle parcourt la France entière depuis le 8 mai dernier.

Il y a 130 ans : Pierre de Coubertin

Portrait de Pierre de Coubertin vers ses 30 ans
Ecusson de Pierre de Coubertin

Il est tentant de dire que Pierre de Coubertin était un meneur de jeu inspirant. Doté d’une bonne vision, fin technicien des arcanes embryonnaires du sport, créateur tourné vers l’attaque, le Baron français, au centre de gravité bas (1,62m) mais au jeu aérien, savait dribbler ses détracteurs. Un leader au service d’une idée, avec du réseau, de la fortune et le sens du but.

ÂGE : 31 ans (né le 01/01/1863, à Paris)

ÉCUSSON : Écu d’azur à neuf coquilles d’or. Des armoiries féodales accordées à ses ancêtres par Louis XI.

SPORTS : Il pratique l’équitation, l’escrime, le patinage, la boxe, aime aussi l’aviron, le tennis et la course à pied. Le jeune Pierre possède un cheval d’arçon et s’achète l’un des premiers vélocipèdes, ce qui lui vaut les sarcasmes de son père.

CLUBS : Fondateur d’un cercle d’escrime (1882), membre de la Société des Sports de l’Île de Puteaux, puis dirigeant de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA).

PALMARÈS : Lièvre dans les cross, starter des concours athlétiques ou arbitre de la première finale des championnats de France de rugby (1892), son tempérament de compétiteur s’affirmera sur le terrain de la gouvernance. Il présidera le CIO de 1896 à 1925.

DEVISE :

« Parler franc, voir loin, agir ferme »

L’album du Baron

En ce 23 juin 1894, le Baron s’appuie sur une équipe solide, des compagnons de longue date comme des alliés de circonstance :

HENRI DIDON

Homme d’Eglise, enseignant convaincu des bienfaits du sport. Il a inspiré la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort ».

ALPHONSE CHODRON DE COURCEL

Sénateur, président du Congrès et brillant tribun, par son discours enflammé, il rallie l’auditoire de la Sorbonne à la cause de l’Olympisme. C’est aussi l’allié politique.

GEORGES DE SAINT-CLAIR

Premier président de l’USFSA, dirigeant du Racing Club de France, il est l’un des pionniers du développement du sport en France. C’est le premier de cordée.

FRANTZ REICHEL

Jeune journaliste, commissaire pour la presse au Congrès, il sera champion olympique de rugby en 1900, créateur de la rubrique sport du Figaro et le père du fédéralisme sportif en France. C’est la cheville ouvrière de l’équipe.

Chiffres clés : 130 ans d'innovations au service de l'Equipe de France

1894

1

Fondé à l’initiative de Pierre de Coubertin, le Comité Olympique Français est le premier de l’histoire avec celui des Etats-Unis.

2024

206

Comités Nationaux Olympiques ont rendez-vous à Paris cet été, ce qui fait des Jeux Olympiques le plus large forum international.

1896

13

À Athènes, la délégation française est composée de 13 athlètes, inscrits au titre de leurs clubs respectifs.

2024

572

Pour Paris, on estime une délégation française composée de 572 athlètes, issus de 32 fédérations. Ils seront sélectionnés le 8 juillet par le CNOSF pour représenter la France.

1886

Le fleurettiste Henri-Eugène Gravelotte est le premier champion olympique tricolore de l’histoire. eize ans plus tard, à Stockholm, Marguerite Broquedis devient la première championne olympique française, en tennis.

2024

A la veille des Jeux de Paris, le tableau d’honneur du sport français compte 264 titres olympiques, été et hiver confondus

1900

9

Si les femmes sont olympiques dès 1900, avec notamment 9 compétitrices françaises, il faudra toute l’opiniâtreté d’Alice Milliat pour qu’enfin elles rentrent dans le stade olympique, en 1928, à Amsterdam.

2024

273

A Paris 2024, la délégation française comptera environ 273 femmes, engagées dans les 32 sports au programme.

1912

Raoul Paoli, athlète polyvalent, est le premier porte-drapeau officiel des Bleus, à la cérémonie d’ouverture des Jeux, en Suède, en 1912.

2024

Depuis Tokyo 2020, l’Equipe de France est unie et conduite par quatre porte-drapeaux : deux femmes et deux hommes, olympiques et paralympiques. En 2024, ceux-ci seront élus par l’ensemble des athlètes sélectionnés, composant la délégation.

1920

En Belgique, la France est la première délégation à défi ler en tenue officielle. C’est au « capitaine d’habillement » Louis Tausières que revient cette mission.

2024

Le 26 juillet, pour la cérémonie d’ouverture, la délégation tricolore sera habillée par la Maison Berluti (Groupe LVMH). Pour les épreuves, ainsi qu’au village et sur les podiums, c’est Le Coq Sportif qui équipe nos Bleus.

1924

En amont des Jeux d’été de Paris 1924, le Comité Olympique Français crée une Semaine Internationale des sports d’hiver à Chamonix, qui sera reconnue commeles premiers Jeux Olympiques d’hiver de l’histoire.

2024

Avec la candidature des Alpes Françaises 2030, le CNOSF espère accueillir pour la quatrième fois les Jeux Olympiques d’hiver en France, après Chamonix 1924, Grenoble 1968 et Albertville 1992.

1928

Initiée en 1920, la « Maison de France » prend toute sa dimension à Amsterdam huit ans plus tard. Le Comité Olympique Français y propose tout le matériel d’entraînement, salles de réception et de soins : pour un succès sportif et diplomatique.

2024

Avec Paris 2024, les délégations auront à disposition trois espaces exceptionnels : le Club France au Parc de la Villette, la Maison de la Performance opérée par l’Agence nationale du sport (ANS) et les bâtiments « France » avec un habillage unique au cœur du village olympique.

1948

Au sortir dela Guerre, le Directeur des sports Gaston Roux met en place le premier programme de préparation olympique gouvernemental.

2024

Avec le comité de pilotage « Gagner en France », le CNOSF s’associe au ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, à l’ANS et à Paris 2024 pour donner tous les moyens à la délégation tricolore de performer.

Les premières sont à Paris !

Paris entretient une histoire passionnée avec les Jeux Olympiques. Depuis trois siècles, la capitale française a multiplié les initiatives, contribuant au façonnage du mouvement olympique et de l’identité des Jeux. Faits marquants.

  • 1900

    1res femmes aux Jeux Olympiques : Paris 1900, elles sont 22 à concourir.

  • 1913

    1er drapeau olympique : confectionné au Bon Marché

  • 1922

    1ers Jeux mondiaux féminins : organisés par Alice Milliat

  • 1923

    1ers Jeux Mondiaux universitaires

  • 1924

    1er logo d’une édition des Jeux Olympiques

  • 1986

    1res médailles olympiques : réalisées par la Monnaie de Paris

  • 2024

    1ers Jeux paritaires, 1re cérémonie hors-stade

Interview de David Lappartient

Les valeurs olympiques n’ont jamais été autant d’actualité.

DAVID LAPPARTIENT, Président du Comité national olympique et sportif français. Membre du Comité international olympique. Propos recueillis par Alain Mercier.

On raconte qu’un tableau du baron Pierre de Coubertin figure en bonne place dans votre bureau au CNOSF.

Après mon élection, j’ai découvert un portrait de Pierre de Coubertin en mauvais état, son cadre brinquebalant, sa toile abimée… Réalisé par son neveu, ce tableau avait été accroché juste derrière le président du CIO durant la session organisée à Paris, en 1955. J’ai souhaité qu’on le restaure car je trouve logique que l’on rappelle Pierre de Coubertin, à la Maison du sport français et dans le bureau du Président.

Quelle importance ont eu les valeurs olympiques dans votre parcours de dirigeant sportif ?

Une importance très particulière, naturellement. Je me suis engagé parce que j’aime profondément le cyclisme, discipline de cœur. Mais au-delà, je considère que le sport véhicule des valeurs de dépassement de soi, de tolérance, de cohésion et d’unité. Quelles que soient nos origines, nos croyances, nos convictions politiques, le sport réunit et engage au respect. Cela m’a toujours animé dans mon parcours de dirigeant.

Sont-elles toujours d’actualité aujourd’hui, dans un monde en pleine mutation ?

Les valeurs olympiques, on a parfois l’impression qu’on nous les ressort de temps à autre mais elles n’ont jamais été autant d’actualité Pierre de Coubertin voulait construire un monde plus pacifi que et promouvoir la paix par le sport. 130 ans plus tard, l’idéal olympique qu’il a défendu a non seulement perduré mais il est devenu une absolue nécessité.

Pierre de Coubertin est aujourd’hui souvent décrié, en France notamment. Pourquoi ?

Il l’est en France, alors qu’il est salué partout dans le monde. C’est sans doute notre esprit français qui peut s’exprimer dans une critique excessive. Pierre de Coubertin a nourri l’idée géniale de restaurer les Jeux Olympiques, de faire en sorte qu’à travers le sport s’instaure un dialogue entre les peuples. Lorsque l’on pratique un sport ensemble, on a moins envie de se faire la guerre et davantage d’inclination pour la paix. Pour autant, il était un homme de son temps. Celles et ceux qui veulent juger ses actes à la lumière de la pensée d’aujourd’hui se trompent. Je ne crois pas qu’il faille refaire l’Histoire. Regardons plutôt les valeurs universelles qu’il a promues, car elles nous animent encore aujourd’hui. Lorsque le président du CIO, Thomas Bach, prend la parole devant l’ONU pour promouvoir la trêve olympique et la paix, quel bel héritage pour Pierre de Coubertin !

A votre avis, quelle opinion aurait-il des Jeux de Paris 2024, les Jeux de la parité, de la durabilité, des sports urbains ?

Avec les yeux d’aujourd’hui, il verrait les Jeux de Paris 2024 d’un très bon œil ! Il constaterait l’enthousiasme que sa création génère de nos jours, lui qui a mis tant d’années à faire des Jeux une réalité. Je suis convaincu qu’il adhérerait à la parité, même si ce n’était pas le cas à son époque et que ses propos n’allaient pas dans ce sens. Très attaché à la nature, il soutiendrait aussi les enjeux de durabilité. Enfi n, comment ne se féliciterait-il pas de l’entrée des sports urbains, lui qui voulait voir les Jeux s’ouvrir sur les disciplines modernes ? Pierre de Coubertin serait aujourd’hui fier de son œuvre.

Image de couverture générée par l'IA.