Anne Tournier-Lasserve : "ensemble, on sera encore plus forts"

Compétition

Anne Tournier-Lasserve : "ensemble, on sera encore plus forts"

La 3e édition des Jeux Européens approche à grands pas (21 juin - 2 juillet 2023). Entretien avec la cheffe de mission de la délégation française en Pologne, par ailleurs vice-présidente du CNOSF en charge du haut niveau, Anne Tournier-Lasserve.

C’est très important : l’esprit d’équipe est une force, une ressource supplémentaire obtenue en se poussant les uns, les autres.

En quoi consiste exactement le rôle d’un chef de mission ?

Anne Tournier-Lasserve : Le chef de mission est avant tout un rassembleur. Un rassembleur parce que nous sommes près de 500 personnes à effectuer le déplacement en Pologne : 268 athlètes et 179 encadrants, répartis sur 25 disciplines, 22 sports, eux-mêmes disséminés sur 25 sites différents, dans 13 villes différentes… le tout avec des arrivées et des départs échelonnés en fonction des dates d’épreuves. Il s’agit donc de coordonner, avec les équipes du CNOSF, l’organisation, la logistique mais aussi la motivation de tout le monde, être le lien entre tous de manière à ce qu’il y ait un esprit « Equipe de France ». C’est très important : l’esprit d’équipe est une force, une ressource supplémentaire obtenue en se poussant les uns, les autres. Quelque chose de l’ordre du : « Ensemble, on sera encore plus forts ». Et vous imaginez bien que pour y parvenir, il faut qu’il y ait au milieu de tout cet ensemble quelqu’un qui fasse le lien. C’est capital. Et c’est le rôle que je vais avoir le grand plaisir d’assumer aux Jeux Européens.

On perçoit là deux grandes facettes : de la logistique pure, ainsi qu’une dimension plus immatérielle autour de la cohésion de groupe… Le corps et la tête, en quelque sorte ?

Anne Tournier-Lasserve : Il y a de ça. La logistique relève du concret : je prends tel vol à telle heure, je suis dans tel hôtel ou tel village… L’esprit d’équipe est de l’ordre de l’abstrait, mais n’est pas moins important. Nous sommes des êtres humains, avec nos caractères, nos manières de vivre, de réagir… Et lorsque vous avez des sportifs en face de vous, leur but est d’être bon dans la compétition. Ils ont leur manière de voir les choses, de préparer l’échéance, d’en ressentir – ou non – la pression suivant leur caractère, certains reviennent de blessure et sont dans l’expectative… Ajoutons l’environnement, aussi : y aura-t-il des spectateurs ? Seront-ils de notre côté ? Chacun va réagir à tout cela selon son caractère, et nous, on doit travailler avec cela et s’adapter à chacun, pour former un collectif et réunir ensemble les conditions de la réussite. Ce sont deux aspects bien différents de la tâche mais qui finissent en réalité par se rejoindre : si on n’a pas de problèmes logistiques, on est mieux dans sa tête et donc on est mieux armé pour réussir.

Je m’attends à vivre une expérience très forte, humainement fabuleuse !

C’est une première pour vous dans ce rôle ?

Anne Tournier-Lasserve : Oui. Je suis allée sur d’autres événements, comme les Jeux Méditerranéens à Oran pas plus tard que l’an passé, mais jamais en tant que cheffe de mission. Par contre, j’ai l’habitude d’être cheffe de délégation au niveau de la Fédération française d’athlétisme et je ne doute pas que ce vécu va m’être précieux. Tout comme nos sportifs en lice, je m’attends à vivre une expérience très forte, humainement fabuleuse !

La fonction est-elle très codifiée ou chaque chef de mission tend-il apposer sa « patte » d'un événement à l'autre ?

Anne Tournier-Lasserve : On n’est pas pareils donc on va faire passer les messages différemment, mais in fine tous les chefs de mission sont là pour être des locomotives et assurer le lien avec aussi les équipes de cadres, sur lesquelles pèse tout autant le stress de la réussite. Donc il s’agit d’apaiser les choses s’il y a de la pression : au moindre petit problème extérieur qui se crée, sur le plan des transports ou autre… trouver au plus vite la solution pour faire redescendre ce stress temporaire afin que celui-ci n’ait pas d’impact sur la performance sur le terrain.

On avance tous ensemble pour mettre les sportifs dans les meilleures conditions. Quels sont les challenges et/ou défis qui se posent principalement au chef de mission ?

Anne Tournier-Lasserve : C’est tout d’abord un gros travail « invisible », ou du moins que l’on n’imaginerait pas forcément vu de l’extérieur, qui a lieu très en amont de l’événement afin de tout coordonner. Cette phase de préparation a mobilisé l’intégralité des services du CNOSF, y compris ceux auxquels on penserait moins spontanément. C’est, j’insiste, un travail en commun où chacun apporte sa pierre à l’édifice. Tous les services ont leur part. Sans les uns, les autres, tous ensemble, on ne va pas en Pologne ! Et j’inclus ici les fédérations, les directions techniques nationales, les entraîneurs, les staffs médicaux… Ce sont des sports différents, des méthodes différentes selon les fédérations, mais à l’arrivée on avance tous ensemble pour mettre les sportifs dans les meilleures conditions. Ensuite, durant la compétition, je dirais que le challenge principal va être le nombre de sites, avec des kilométrages parfois importants. Je vais tout faire pour aller partout et voir tous les sports ! Mais je ne serai pas seule : entre direction olympique, communication… il va y avoir une quinzaine de personnes en Pologne sur lesquelles je pourrai m’appuyer dans leurs domaines respectifs.