Jeux Européens, jour 7 : des « boys » en or

Compétition

Jeux européens, jour 7 : des « boys » en or

B-boy Dany Dann (breaking) et Felix Lebrun (tennis de table) ont fait résonner deux nouvelles Marseillaises du côté de Cracovie. Alexis Lebrun accompagne son frère sur le podium.

Tennis de table : un podium, deux Lebrun

« Que du bonheur ! Et en plus je partage le podium avec Alexis : c’est exceptionnel, je suis trop heureux ! » Ils n’oublieront jamais cette journée, conclue sur un podium européen commun : à 16 ans, Felix Lebrun est le médaillé d’or des Jeux Européens 2023, sa première victoire dans une compétition majeure. Son frère Alexis, 19 ans, est en bronze. A un adversaire près, les frangins reproduisaient en finale européenne une affiche qu’ils ont dû jouer des milliers de fois dans le jardin ou le garage familial. Mais l’expérimenté Marcos Sousa da Silva Freitas, 35 ans et vice-champion d’Europe en simple en 2015, avait su dérégler l’aîné de la fratrie Lebrun en demies. « Son style de jeu me causait du souci et ça m’a tendu, détaillait Alexis. Le quatrième set a été un tournant, je ne l’accroche pas avec deux, trois mauvais choix et un petit manque de niveau en revers… C’est dommage. »

Ce passage précis du match, à 2 sets à 1 et 7 points à 2 en sa faveur dans une quatrième manche finalement perdue 10-12, est effectivement un tournant : derrière, le Portugais devait remporter nettement les deux derniers sets lui manquant encore pour rallier la finale. Restait à s’y frotter à la « seconde lame Lebrun » : Felix, qui avait quant à lui battu en demies un Andrej Gacina diminué… et d’ailleurs forfait pour la petite finale, offrant le bronze sur un plateau à Alexis.

Une finale qui doit forcément être lue à travers le prisme de la tension, du « petit jeune » pouvant décrocher le titre le plus important de sa jeune carrière, à « l’ancien » plus habitué aux places d’honneur qu’aux triomphes en individuel. « Il y avait un peu de stress, ne cachait pas Felix. Je ne pars pas bien, il y a 6/0 pour lui mais j’ai réussir à le contenir. Après, tout le monde a bien vu qu’il y a eu des hauts et des bas, des moments où je menais, d’autres où il prenait l’ascendant… »

Ces montagnes russes s’achèvent quelque part logiquement au set décisif : Felix se détache 5-1, se fait remonter, est mené 7-9, se procure une balle de match (10-9), puis une deuxième (11-10) et encore une troisième… la bonne ! 4 sets à 3 (9/11, 11/5, 11/5, 4/11, 6/11, 11/12, 13/11), beaucoup d’émotions fortes… mais la tête froide : « A la toute fin, j’ai réussi à rester calme alors que les derniers points sont fous ; à partir de 9-9 il n’y a vraiment que des points de fous, martèle-t-il. La médaille, c’était l’ambition en venant, si possible pour chacun de nous. Mais l’avoir entre les mains… c’est incroyable ! »

On ne se mouille pas beaucoup en avançant qu’il y en aura sans doute (bien) d’autres… mais que, quoi que leur réserve la suite, cette première polonaise sera un jalon important de leur parcours : « Bon, ça fait chier (sic) de ne pas s’offrir une finale contre Felix », lâchait Alexis, tout sourire. N’empêche : « Première médaille européenne pour moi, première médaille et premier titre pour Félix… Je suis fier de moi, et fier de lui. »

Breaking : une victoire au goût olympique pour B-Boy Dany

Breaking : une victoire au goût olympique pour B-Boy Dany

Dans un an, c’est sur la place de la Concorde que B-boy Dany Dann, aka Danis Civil, livrera ses battle pour tenter de devenir le premier champion olympique de breaking. En attendant, le n°3 mondial, et n°1 continental, a fait respecter la hiérarchie pour décrocher l’or aux Jeux Européens… et le ticket pour les Jeux Olympiques de Paris qui allait avec. Les larmes embuant ses yeux à l’issue de la finale en disaient long sur l’importance accordée à l’événement, lui qui avait déjà triomphé en championnat d’Europe l’an passé. « Si on m’avait dit qu’un jour j’aurais l’occasion de faire les Jeux … »

Et rien ne l’a fait dévier de sa route en Pologne. Ni ses adversaires, ni les grains de sable – les fameux détails chers aux sportifs – comme sa chaîne se faisant la malle en pleine battle contre le Néerlandais Lee en demies. On vit d’ailleurs ce dernier, à l’issue de leur confrontation, s’incliner avec beaucoup de respect devant le Français alors que les juges n’avaient même pas encore rendu leur décision (2-1)…

En finale, il disposa sur le même score d’un autre Batave, Menno, champion du monde en 2019. « C’était une journée intense, avec du gros niveau, savourait-il. Je suis resté super concentré, sur mes adversaires et surtout sur moi-même. C’est une récompense du travail et des sacrifices quotidiens. » Avant de se tourner immédiatement vers Paris : « L’objectif est atteint, la case cochée. Maintenant rendez-vous en 2024. Je veux l’or à la maison. »

Président de la Fédération Française de Danse, Charles Ferreira saluait ce succès, « résultat d’un long travail mené depuis des années par toute l’équipe breaking, en particulier Abdel (Mustapha, ndlr) et les entraîneurs. C’est une victoire très émouvante pour nous. »

Dénouement cruel en revanche pour B-boy Lagaet (Gaëtan Alin), cisaillé par une douleur à la jambe durant son quart de finale contre l’Autrichien Lil Zoo. Le n°13 mondial a bien tenté de reprendre, en vain. Pas de médaille non plus pour B-girl Syssy (Sya Dembélé) et Señorita Carlota (Carlota Dudek), toutes deux sorties en quarts par les finalistes des derniers championnats d’Europe, Nicka et Stefani.

Triathlon : Audrey Merle et Mathilde Gautier étaient toutes proches

Triathlon : Audrey Merle et Mathilde Gautier étaient toutes proches

Audrey Merle a pris la cinquième place de l’épreuve individuelle de triathlon, disputée sur distance olympique (1,5 km de natation, 40 km de vélo et 10 km de course à pied). Distancée à la sortie de l’eau (1’26’’ de retard sur la tête), elle a remarquablement comblé cet écart sur le vélo (deuxième chrono de l’ensemble des engagées, en 1h00’20’’) pour aborder la partie course – point fort chez elle – au sein du groupe amené à se jouer la victoire. Mais l’effort consenti pour remonter s’est peut-être payé lors des derniers kilomètres, où elle a vu la médaille lui échapper suite à l’accélération de la future gagnante, la Norvégienne Solveig Lovseth. Elle boucle sa course en 1h57’28’’, à 11 secondes du bronze et 13 de l’argent.

Mathilde Gautier arrive juste derrière elle (8e en 1h57’35’’, à 20 secondes de la deuxième place), en ayant vécu une course radicalement opposée puisque c’est elle qui était en tête à l’issue de la natation (19’20’’), côte à côte avec la Britannique Sophie Alden. Les deux triathlètes reprises à vélo, elle a ensuite accompagné le groupe de tête jusqu’au début du 10 km, où elle a lâché une vingtaine de secondes entre les km 2 et 4… écart demeuré ensuite inchangé jusqu’à la ligne d’arrivée. De quoi parler d’une course « quasi-parfaite » même si un brin « frustrante » par le résultat pour celle qui a remporté le titre de championne du monde militaires, devant… Audrey Merle.

Place mercredi à la course individuelle masculine, avec Paul Georgenthum, Valentin Morlec et Yanis Seguin.

Boxe : vers un mercredi chargé

Du côté des rings, la délégation française sera massivement représentée au stade des quarts de finale – tous programmés ce mercredi – puisqu’ils sont encore huit à postuler à une médaille : Wassila Lkhadiri (-50kg), Billal Bennama (-51kg), Amina Zidani (-57kg), Estelle Mossely (-60kg), Sofiane Oumiha (-63,5kg), Emilie Sonvico (-66kg), Makan-Vie Traoré (-71kg) et Davina-Myrha Michel (-75kg).

Il faudra être demi-finaliste pour obtenir son visa pour les prochains Jeux Olympiques, à l’exception des catégories -51kg, 91kg et +91kg hommes, ainsi que -75kg femmes, où seuls les finalistes seront qualifiés.

Et aussi

En plongeon, Jade Gillet et Emily Hallifax ont pris la cinquième place de la finale du 10 m synchronisé. Il restera une dernière opportunité de médaille mercredi pour les Bleus du côté de l’Arena de Rzeszow, par les inévitables Alexis Jandard et Jules Bouyer, en 3 m synchronisé.

Toutes trois qualifiées pour la finale du saut à ski d’été (tremplin normal), Joséphine Pagnier (11e), Julia Clair (18e) et Emma Chervet (30e) ne sont pas parvenues à s’immiscer parmi le Top 10.

On connaît le plateau de la finale du pentathlon – des titres européens de la discipline sont en jeu en Pologne – et Rebecca Castaudi et Marie Oteiza seront de la fête samedi. Toutes deux ont terminé à la neuvième et dernière place qualificative de leur demie respective. A noter que la double championne du monde en titre chez les juniors a gagné trois places dans la hiérarchie grâce à la dernière épreuve, le laser run. C’est terminé en revanche pour Elodie Clouvel et Jessye Gomesse, 13e chacune de leur demie.