Jeux Européens, jour 8 : le jour des fines lames

Entrée en scène fracassante de l’escrime dans ces Jeux Européens : le sabre masculin par équipes est champion d’Europe, les filles du fleuret en argent ! Alexis Jandard et Jules Bouyer referment le chapitre « plongeon » avec une nouvelle médaille, en bronze.

Escrime : les sabreurs au sommet

« C’est ton moment mon pote, allez ! » lui a hurlé Boladé Apithy. C’était le dernier relais du dernier match de cette épreuve du sabre, France – Italie (un classique) et il y avait 41 – 41. Comme en demies un peu plus tôt contre les Hongrois… à l’exception alors que Patrice Sébastien avait eu toutes les peines du monde à conclure une avance nette, voyant son adversaire combler huit touches quand lui n’en inscrivait qu’une. « Je n’aime pas mener de trop loin, devait en rigoler a posteriori le Français. Je préfère quand c’est serré avec le gars en face, que c’est lui ou moi… Je savais que je pouvais le faire. » A partir de ce fameux 41-41, il avait ainsi réglé la mire et fini en trombe contre Aron Szilagiy (4-1 sur les cinq dernières touches).

Niveau « à la vie, à la mort », il était servi face à Luigi Samele, dans une finale irrespirable où l’Italie eut jusqu’à 7 touches d’avance un peu avant mi-parcours (13-20). C’est alors, déjà, Patrice Sébastien qui avait ramené les siens, avant que personne, ni d’un côté, ni de l’autre, ne parvienne plus ensuite à prendre plus de trois touches d’avance. Jusqu’à ce 41 - 41 fatidique. Et là, comme en demies, le récent médaillé de bronze des championnats d’Europe individuels – sa première médaille internationale – est sorti de sa boîte, offrant d’un 4/1 définitif la consécration à son équipe. « Honnêtement, on ne réalise pas, ou en tout cas moi je ne réalise pas ; c’est incroyable ce qui se passe ces dernières semaines, et incroyable ce qui s’est passé aujourd’hui », réagissait le héros du jour.

C’est ainsi que Boladé Apithy, Maxime Pianfetti, Tom Seitz et lui sont devenus champions d’Europe par équipes : « On avait besoin de ce titre, pour nous, pour les Jeux… » lâchait encore, soulagé, le sabreur de 23 ans. Lui avait déjà un bronze individuel ; Pianfetti, un argent mondial individuel ; Apithy, deux médailles d’argent individuelles et deux en bronze par équipes en championnats d’Europe. Ce groupe-là, aussi, avait terminé au pied du podium aux Europe (4e) et aux Mondiaux (5e) l’an passé. Mais l’or était une première pour chacun d’entre eux. Alors, avant d’être entouré par ses équipiers et de s’étreindre, Sébastien Patrice s’est tourné vers la caméra et a crié une salve de « Merci » : merci à tout le monde en général, à ses grands-parents en particulier, et terminé par un sonore « Vive la France » !

Escrime (fleuret) : l’argent, quand même

Gageons qu’elles ne venaient que pour l’or. L’argent, ces filles-là en avaient à ne plus savoir qu’en faire, en particulier Anita Blaze et Ysaora Thibus, les trentenaires vice-championnes olympiques en 2021, vice-championnes du monde en 2013, et vice-championnes d’Europe en 2012, 2013, 2019 et 2022 !

L’Autriche en début de journée avait bien fait courir un frisson dans les rangs tricolores, mais Thibus avait fait parler toute son autorité de n°1 mondiale dans le dernier relais (45 – 42, score final). L’Allemagne en demies fut ensuite écartée 45 – 31 grâce à une Anita Blaze survoltée (10 – 0 à Leandra Behr sur l’avant-dernier relais, alors qu’il n’y avait que 30 – 29 à ce moment !)

Restait l’Italie, pour la revanche de la finale de l’an passé… et malheureusement le même dénouement face à Martina Batini, Martina Favaretto, Francesca Palumbo et Alice Volpi. Jamais tout à fait distancées, les Françaises ne parvinrent jamais non plus à être en situation d’entrevoir la victoire, accusant toujours au moins trois touches de retard dans la seconde moitié de rencontre, pour un score final de 40 – 45.

La médaille d’or tant convoitée attendra donc encore pour Anita Blaze, Morgane Patru, Pauline Ranvier et Ysaora Thibus, vice-championnes d’Europe 2023. Mais vu l’assiduité aux podiums de ce collectif au cours de la dernière Olympiade, d’autres occasions ont encore le temps de se présenter…

Plongeon : Bouyer – Jandard, les inséparables

Quels Jeux Européens pour Jules Bouyer et Alexis Jandard ! Associés au plongeon synchronisé à 3 m, le vice-champion d’Europe à 3 m et le vice-champion d’Europe à 1 m (par ailleurs bronzé sur le 3 m) ont clôturé en beauté leur compétition, avec une médaille de bronze.

Les Français n’ont cessé de gagner des places durant ce concours débuté en 9e position, puis passé trois rounds durant entre 5e et 6e rang, avant de finir fort sur les deux derniers plongeons, obtenant la deuxième meilleure note de chacun de ces sauts, podium à la clé !

Clairement, pour l’un comme pour l’autre, il y aura un « avant » et un « après » Jeux Européens 2023 : trois médailles en autant d’épreuves pour le revenant Jandard, deux médailles (et une quatrième place…) pour le champion du monde junior 2021. Pour l’anecdote : outre ses deux médailles, Jules Bouyer repart de Pologne avec également une page Wikipédia à son nom, créée au lendemain de sa médaille d’argent individuelle. Si ça, ce n’est pas changer de statut… !

Triathlon : Yanis Seguin, à 4 secondes près…

Et au bout de 3,5 km de natation, 40 km de vélo et 10 km de course à pied… 4 secondes d’écart entre la médaille d’or et le pied du podium ! L’équivalent d’une dizaine de foulées laissant Yanis Seguin (1h46’54’’) aux premières loges pour assister à la victoire du Norvégien Vetle Bergsvik Thorn (1h46’’50) devant l’Israëlien Shachar Sagiv (1h46’’51) et le Suisse Adrien Briffod (1h46’’52), auteur d’un gros « finish » pour venir lui souffler la troisième place.

Si près, si loin, comme dit l’adage… mais de bon augure pour ce qui était seulement son deuxième championnat majeur, quelques semaines après une 11e place aux championnats d’Europe de Madrid. Valentin Morlec termine 12e (1h47’41’’), Paul Georgenthum 17e (1h47’’56), pour un probant tir groupé de cette jeune génération de triathlètes, tous âgés de 23 à 24 ans.

Il y aura une médaille pour Amélie Julian en teqball… mais il faudra attendre jeudi pour en connaître le métal. La pluie tombant sur Cracovie en soirée a conduit les organisateurs à reporter de 24h la finale, qui décernera aussi un titre de championne d’Europe. La Française y affrontera la Roumaine Kinga Barabasi. Sa compétition est à ce stade un sans-faute, puisqu’elle a remporté ses cinq matchs (trois en poule, un quart et une demies) par 2-0.

Journée faste encore sur les rings pour la délégation française, avec un 7/8 en quarts de finale ! Wassila Lkhadiri (-50 kg) Billal Bennama (-51 kg), Amina Zidani (-57 kg), Estelle Mossely (-60 kg), Sofiane Oumiha (-63,5 kg), Makan-Vie Traoré (-71 kg) et Davina Myrha Michel (-75 kg) ont tous composté leur ticket pour les demi-finales de leur catégorie. Seule Emilie Sonvico (-66 kg) a connu la défaite, battue sur le fil par la Belge Oshin Derieuw (3/2).

A noter que pour Lkhadiri, Zidani, Mossely, Oumiha et Traoré, leur succès du jour leur vaut qualification pour les Jeux Olympiques de Paris. Une journée de repos à présent, et tous ont rendez-vous vendredi pour tenter de décrocher une place en finale de ces Jeux Européens.

Pentathlon moderne : carton plein pour les hommes

Valentin Belaud, Ugo Fleurot, Christopher Patte et Valentin Prades, soit les quatre Français engagés en pentathlon moderne dans ces Jeux Européens, se sont qualifiés pour la finale. Grosse performance d’Ugo Fleurot notamment : le champion d’Europe 2022 des moins de 22 ans termine troisième de la demi-finale A (1204 points). Christopher Patte est 6e de la demi-finale B, Valentin Belaud 7e (1209 chacun), Valentin Prades 8e (1197 points).

Avec Rebecca Castaudi et Marie Oteiza pour les filles, cela porte à six le nombre de tricolores qui joueront une médaille individuelle samedi après-midi.

Au tir au pistolet à 25 m par équipes, 5e place pour le trio tricolore composé de Camille Jedrzejewski, Mathilde Lamolle et Heloïse Fourré, dans le même total de points que l’Allemagne, dernière qualifiée pour la finale (435 points). Rappelons que les deux premières nommées avaient glané l’argent au 10 m par équipes, et que Camille est aussi médaillée d’argent en individuel, là aussi à 10 m.

Les aléas des tableaux… Au tir à l’arc (classique) en individuel, Caroline Lopez a été battue en quarts de finale par la Britannique Penny Healey (7/3). Audrey Adiceom s’était arrêtée un tour plus tôt face à l’Espagnole Elia Canales (6/2). A la fin de la journée, il s’avère que les deux Françaises ont été sorties par les futures médaillées d’or et d’argent.