Jeux Européens, jour 9 : des paires de médailles
Compétition
Deux en kayak slalom, deux en escrime, deux en teqball : les médailles allaient par deux ce jeudi à Cracovie. Dans le lot, de l’or pour les équipes féminines de l’épée et du K1.
Escrime : l’épée dames à la puissance 4
Réunies toutes ensemble sur la piste après l’ultime touche victorieuse, elles ont ostensiblement mimé un « quatre » avec la main devant les objectifs des appareils photos. Ç’aurait pu être le « quatre » des finales disputées par les diverses armes de l’Equipe de France en autant d’épreuves par équipes dans ces Jeux Européens. C’était plus probablement « quatre » comme le nombre de titres de championnes d’Europe d’épée par équipes à présent détenus par Marie-Florence Candassamy, Auriane Mallo-Breton et Coraline Vitalis, auxquelles on ajoutera la « petite dernière », récente championne d’Europe en individuel, Alexandra Louis-Marie. 2017, 2018, 2022 et donc 2023 : en ôtant 2020 et 2021, éditions annulées en raison de la pandémie de Covid-19 et du repositionnement des Jeux Olympiques, on obtient quatre victoires sur les cinq dernières éditions des « Europe » pour cette équipe !
Malgré le vécu, malgré les premiers tours bien négociés (45-17 contre la Lituanie, 49-36 contre Israël, 45-32 contre la Suisse), malgré le statut de favorites en finale face à une équipe de Hongrie résurgente à ce niveau, rien ne fut simple. « J’ai détesté cette finale, devait même en rire Coraline Vitalis. Elles avaient les crocs, c’était leur première finale depuis longtemps, elles n’avaient rien à perdre et on s’est faites piéger. »
Les Françaises ont ainsi toujours été menées dans ce match (jusqu’à -6 à la fin du troisième relais, 6-12). Mais elles se sont accrochées, revenant à cinq, puis quatre, puis trois touches dans la durée des cinq relais suivants. Quand Auriane Mallo-Breton est revenue en piste pour le dernier acte, à 28-31, « je me suis vraiment dit qu’il fallait que je prenne mon temps, que j’avais trois minutes pour mettre trois touches. Le plus important était de ne pas se précipiter. Si on en reprend une, ça fait quatre et ce n’est plus la même (pour revenir, ndlr). Les filles n’avaient pas fait tout ce boulot pour que je balance des touches trop vite ! »
La Hongroise Anna Kun était dépassée : victorieuse de ce relais par 6 touches à 2, Auriane Mallo-Breton offrait le titre à la France (34-33). Cette dernière touche aura été le seul moment où les Françaises auront été devant au score de toute la finale… « On a fait la différence sur la fin parce qu’on n’a jamais lâché au niveau de l’attitude, commentait encore Caroline Vitalis. Cela a beaucoup aidé parce qu’on l’a ressenti vis-à-vis de chacune d’entre nous. C’était dur mais c’est cool quand ça finit bien ! »
Canoë-kayak (slalom dames) : et tout au bout du suspense… l’or
Elles sont passées par tous les états. Prétendantes au podium (et plus si affinités) sur le papier, rapides dans les temps de passage une fois sur l’eau, Marjorie Delassus, Camille Prigent et Emma Vuitton ont pourtant craint de tout perdre sur une porte ratée en fin de parcours… jusqu’à ce que cette porte litigieuse soit validée. Malgré deux fois deux secondes de pénalité, le temps canon des Bleues sur l’eau (104.87) leur permet de terminer en tête avec trois secondes d’avance sur la République Tchèque, elle aussi pénalisée de quatre secondes (108.87 contre 111.75), et près de cinq sur l’Allemagne, pourtant seulement sanctionnée de deux secondes (113.17) !
« On savait que ce parcours nécessitait d’être bien sur les croisements, le réglage n’était pas très haut, donc il fallait s’accrocher jusqu’au bout malgré les petites pénalités qui ne manqueraient pas de tomber, décrit Marjorie Delassus. C’est moi d’ailleurs qui prend la grosse « péna » sur la borne 18 en fin de parcours, que j’étais persuadée pourtant d’avoir bien franchie. Ça nous a mis dans le jus parce qu’il a fallu attendre les vérifications auprès des officiels… Il y a eu un petit délai avant qu’on puisse savourer notre victoire. »
« On est super contentes de notre manche, confirme Camille Prigent. On a fait des bons croisements, il y avait une très bonne vitesse tout du long... Il y a eu des erreurs, aussi. Pour ma part j’ai touché la porte 1 donc j’ai mis l’équipe en stress d’entrée de jeu, mais on a su se ressaisir. » Au bout, l’or des Jeux Européens, doublé d’un titre de championnes d’Europe… dont les Bleues étaient les tenantes. « C’était un peu de pression en plus, on avait à cœur de le conserver », abonde Camille Prigent, qui était même déjà membre de l’Equipe de France victorieuse des « Europe » en 2019. Pour Marjorie en revanche, qui s’alignait en C1 par équipes l’an passé, cette médaille d’or est une première… « et je suis super contente d’avoir partagé cette patrouille avec les filles ! »
On y a pourtant cru. Si Auriane et les autres avaient pu le faire… Si les sabreurs la veille… Et si, une troisième fois en 24h, une finale mal embarquée basculait en faveur des Bleus dans le dernier relais ? L’Italie menait 40 - 33 dans ce match au sommet entre fleurettistes quand Enzo Lefort s’est avancé pour le dernier relais. L’écart était important mais comment ne pas y croire lorsque le double médaillé d’or individuel (2019, 2022) a passé un 6/1 à Daniele Garozzo pour revenir à -2 ?
En guise de remontée, c’était plutôt le baroud d’honneur. L’Italien, champion olympique en 2016, stoppait l’hémorragie pour conclure l’œuvre collective de ses équipiers (39-45). L’Italie garde son titre… et la France son statut de vice-championne d’Europe, dans ce remake d’Antalya 2022. « On ne fait pas un mauvais match, on se rapproche de plus en plus d’eux », notait tout de même Rafael Savin, dont on se souviendra de la contribution en demies face à l’Allemagne (45-43, dont des relais à 8-5, 5-5 et 6-3 pour le troisième des derniers championnats d’Europe individuels).
« On est sur la bonne voie, estimait également Enzo Lefort. Il reste des petits défauts à corriger, pas mal de petites choses encore, mais le positif est qu’on sait ce qu’on doit travailler. On va continuer et on réessaiera, dès les Mondiaux de Milan… jusqu’à ce que ça passe. »
Teqball : deux médailles pour une première
C’était la première apparition du teqball aux Jeux Européens, et les Français avaient bien coché la date pour ce qui était aussi un championnat continental de la discipline. Quatrième des Mondiaux l’an passé, Amélie Julian est ainsi montée sur la deuxième marche du podium, seulement battue en finale par la Roumaine Kinga Barabasi (2-0, 12/9 et 12/6), après un tournoi immaculé (cinq matchs préalables, autant de succès 2-0). « J’ai bien commencé ma finale mais à la fin, c’était n’importe quoi, réagissait-elle. C’est bien d’avoir cette médaille mais je venais pour l’or. »
Médaillé de bronze après son succès en petite finale sur Csaba Banyik (2-0, 12/11 et 12/6, match en grande partie décanté sur trois doubles fautes du Hongrois en fin de premier set alors qu’il menait 9/7), son partenaire du Monaco Teqball Club Hugo Rabeux s’attardait quant à lui sur le cadre inhabituel dans lequel il se produisait : « C’est la première fois que le teqball est présent dans cette grande compétition et en ramener une médaille, c’est important. Le travail paye, et je n’oublie pas que cette récompense n’est pas seulement pour moi, mais aussi pour tous les gens qui m’entourent. »
Canoë-kayak (slalom) : du bronze pour les garçons
Comme leurs homologues féminines programmées une grosse heure plus tard, Titouan Castryck, Boris Neveu et Benjamin Renia faisaient partie des prétendants plus que sérieux à la médaille, si ce n’est à l’or. Mais contrairement à Marjorie Delassus, Camille Prigent et Emma Vuitton, eux ont été plombés par les pénalités. Bien qu’étant les plus rapides au scratch (93’’58), ils se voient ainsi lestés de huit secondes supplémentaires (101.58), qui permettent aux Espagnols (97.04) et aux Polonais (98.48) de les devancer sur le podium.
Et aussi :
Le dénouement approche doucement du côté du badminton. Alors que les matchs à médailles se profilent, Margot Lambert et Anne Tran sont qualifiées pour les demi-finales en double. Les frères Christo et Toma Junior Popov sont également de la partie dans le dernier carré en double, ainsi que toujours en lice au stade des quarts de finale en simple. Delphine Delrue et Thom Gicquel enfin sont en quarts de l’épreuve mixte. Blessée, Qi Xuefei a déclaré forfait avant son huitième de finale de simple ce jeudi.
Finalistes, les Bleus du saut à ski d’été terminent 7e de l’épreuve mixte. La composition du quatuor tricolore : Julia Clair, Valentin Foubert, Joséphine Pagnier et Enzo Milesi.
La semaine des archers à Cracovie s’est achevée sur trois quarts de finale : ceux de Baptiste Addis et Jean-Charles Valladont à l’arc classique, et de Nicolas Girard à l’arc à poulies. Le quatrième représentant masculin de l’équipe, Nicolas Bernardi, avait perdu un tour plus tôt contre… Baptiste Addis (6/4). Le tir à l’arc français ramène une médaille de Pologne : l’argent par équipes côté féminin.