Jeux Mondiaux, J5 : Estelle Gaspard sur le toit du monde
Compétition11 août 2025
Estelle Gaspard a conquis l’or en ju-jitsu en cette cinquième journée des Jeux Mondiaux de Chengdu. Déjà argenté la veille, le para-apnéiste Alexandre Boscari a cette fois décroché du bronze. Enfin, le squash tricolore a placé ses deux représentants restants en finale, à l’issue d’une journée ébouriffante pour Victor Crouin et Marie Stephan.

Ju-jitsu : Estelle Gaspard plus que jamais au sommet
Estelle Gaspard a beau avoir un palmarès long comme le bras (quintuple championne du monde notamment), gagner l’or aux Jeux Mondiaux a déclenché chez elle des larmes de joie tandis qu’elle quittait l’air de combat sur les épaules de l’entraîneur de l’équipe de France Sébastien Marty. « J’ai ressenti beaucoup de pression car, comme tous les athlètes en lice, c’est l’échéance qu’on prépare depuis longtemps, devait-elle ensuite révéler. J’ai fait une saison parfaite, il ne me manquait que ce titre des Jeux Mondiaux. » Cette journée de combat moins de 52 kg se sera tout particulièrement chargée d’éprouver les nerfs de la sociétaire de l’Alliance Judo Ouest Audois Carcassonne (AJOA), d’un premier match serré contre la Suissesse Nina Staub (15-12) à une demie au cordeau contre la Thaïlandaise Nuchanat Singchalad (12-11) – avec un full ippon asséné à la Grecque Ioanna Efthymiou au milieu.
C’était avant une finale qui représentait pour elle à la fois un challenge sportif… et affectif : « Antonella Farne, c’est presque ma sœur venue d’un autre pays ! C’est la quatrième fois qu’on s’affronte en finale mondiale mais c’est toujours aussi délicat. » Les deux jeunes femmes se seront rendues coup pour coup dans ce match pour le titre, mais un milieu de combat où la Française inscrivit cinq points de suite (de 3-4 à 8-4) représenta un tournant que l’Italienne ne put combler en fin de combat. Elle remonta bien à 8-7 mais Estelle Gaspard tint bon lors de 20 dernières secondes interminables (10-8). Une ultime réclamation du coach italien pour tenter d’obtenir validation d’une soumission au sol de la Française par son élève fut rejetée : au bout d’un challenge vidéo irrespirable, l’accolade entre les deux adversaires était belle, empreinte d’affection mais aussi de retenue du côté de la gagnante – « C’est chouette de gagner mais je suis toujours un peu triste pour Antonella ». Puis Estelle put enfin exulter et laisser s’exprimer son bonheur... ainsi qu’exfiltrer toute la tension accumulée : « C’étaient mes premiers Jeux Mondiaux et j’ai découvert une compétition totalement différente des championnats du monde ou d’Europe, une pression nettement supérieure. Mais on se sent privilégié de vivre ça. » Elle rapporte au ju-jitsu français sa troisième médaille dans ces Jeux, après celles de Farid Ben Ali et Stéphanie Faure dimanche.
L’autre Française à suivre du jour, Betty Bonnet, n’a pas franchi le tour préliminaire en combat moins de 57 kg, battue par la Néerlandaise Geneviers Bogers (4-16) et par la Suédoise Klara Matson (0-50, full ippon).
Para-apnée : Alexandre Boscari remet ça
Déjà médaillé d’argent la veille en épreuve dynamique sans palme, Alexandre Boscari a récidivé en s’octroyant cette fois le bronze en plongée avec palmes FFS1-FFS2. Si le Chinois Dengwi Long a conservé le leadership déjà constaté dimanche (181,5 m), notre Français a interverti sa place sur le podium avec le médaillé de bronze de la veille, le Danois Casper Marti-Beckmann (165 m), s’arrêtant quant à lui à 156,5 m. « Je suis moins dans l’émotion qu’hier, où j’ai pleuré presque à chaque étape. Aujourd’hui je suis super heureux mais je pleure moins, comparait-il en riant. J’ai ressenti moins de stress, voire pas du tout, car j’étais plus serein d’avoir déjà une médaille. J’avais la sensation d’être moins bien physiquement, aussi. J’ai essayé de ne pas penser à l’évènement, de me focaliser sur autre chose, et finalement ça s’est bien passé. Ce format où on arrive au dernier moment m’a parfaitement convenu. Quand je me suis mis à l’eau, j’ai juste profité ; ça glissait et je savais exactement ce que j’allais faire pour arriver à une médaille. Je savais qu’il fallait plus que 143 m (la marque du San Marinais Daniele Mazza, 4e, ndlr). Au mur des 150 m les jambes ne voulaient plus rien faire donc je me suis dit ‘‘Je sors, j’assure la médaille’’. Vivre un évènement tous sports mélangés, où la Fédération s’investit pour nous amener dans les meilleures conditions, j’ai l’impression d’avoir participé à des JO ! De pouvoir y être et de répondre présent dans la compétition, ça restera gravé pour toujours dans ma vie. »
Dans les autres épreuves du jour, les finales d’apnée dynamique avec palmes ont vu Guillaume Bourdila se classer 6e et Céline Jacky 8e. Du côté de la nage avec palmes, le relais masculin 4x100 m surface, composé de Gabryel Allain, Tom Durager, Vincent Prudhomme et Colas Zugmayer, s’est classé 8e.
Squash : 10 jeux et deux finales pour les Bleus !
Quelle journée sur les terrains de squash ! Tous deux obligés d’en passer par une manche décisive, nos deux Français encore en lice pour la médaille d’or s’en sont tirés au bout du suspense et pourront viser le titre mardi. Renversante, Marie Stephan l’a tout particulièrement été puisqu’elle était menée deux sets à rien par la Hongkongaise Tze Lok Ho (9-11, 1-11) avant de trouver les ressources pour remporter les trois suivants face à la championne d’Asie, 11-7, 11-7 et 11-9 ! « Je n’ai pas l’habitude d’avoir les caméras braquées sur moi, expliquait-elle à la fin. Je ne joue pas ce genre de grands tournois retransmis à la télé, j’ai plus l’habitude qu’on soit dans notre bulle. Là, on se sent scrutées. Alors à la fin du deuxième jeu, je suis partie dans le couloir pour évacuer la frustration à l’écart. J’étais plus tranquille pour discuter avec le coach, qui m’a dit que ce n’était pas fini. Elle me dominait alors que je me sentais bien physiquement, mais je n’arrivais pas à l’emmener dans les échanges longs. J’ai très bien joué le troisième jeu, au quatrième elle mène 7-3 et là mon cerveau s’est déconnecté. Je n’ai plus réfléchi. Je savais que j’avais le niveau, l’an passé j’ai perdu plusieurs fois 3-2 contre des 20e, 25e, là je me suis dit que c’était pour moi. Et je gagne au cinquième même si j’ai le bras qui tremble un peu à la fin… C’est incroyable. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en venant et la finale demain ne sera que du plaisir. Je joue une 6e mondiale (la Japonaise Satomi Watanabe, ndlr), je vais essayer de voir ce que je peux faire contre une fille de ce niveau. »
Victor Crouin, lui aussi, est passé par le chas d’une aiguille face au Colombien Miguel Rodriguez. Dans la revanche de leur demi-finale d’il y a quatre ans à Birmingham, le tenant du titre et porte-drapeau de l’Équipe de France lors de la cérémonie d’ouverture de ces Jeux Mondiaux a toujours couru après le score, en particulier dans un dernier acte où il était mené 3-7. Mais il a fini en trombe pour l’emporter 10-12, 11-6, 5-11, 11-3 et 11-8 ! Mardi, il tentera de réaliser le doublé face au Hongrois Balazs Farkas. « Mon objectif était de revenir en finale trois après Birmingham, c’est chose faite, annonçait avec soulagement le Français. J’ai senti dès ce matin que j’étais nerveux, mais je me suis accroché. Quand je suis à 3-7 au dernier jeu, j’ai pensé qu’il ne fallait pas lâcher parce que ça peut tourner vite. Une décision, un coup mal dosé… et ça a tourné ! C’est super positif d’avoir gagné depuis cette situation. Maintenant, une finale ça se gagne donc rendez-vous demain ! »
Et aussi
Pas de médaille pour les Bleus du roller hockey, défaits en demi-finales par la Namibie (2-3). Les Français ont encaissé trois buts en première période, par Williem Coetzee, Keanan Simpson et Christiaan Coetzee, trouvant de leur côté les filets par Florian Levillain. Deux buts à remonter en petite finale de Jeux Mondiaux : la deuxième mi-temps virait logiquement à l’attaque-défense face à des Namibiens cherchant avant tout à défendre leur avantage. Mais si Valentin Gonzalez marquait à cinq minutes du terme, le score n’évoluait plus et la Namibie l’emportait finalement.
Du côté des sports de précision, le score de parité entre Jérémy Bury et Quyet Chien Tran en billard carom 3-cushions (40-40) lui suffit pour terminer premier de groupe et se qualifier pour les quarts de finale. A l’arc classique enfin, nos représentants Florent Mulot et Aurélie Autret terminent respectivement 6e et 9e des qualifications. Aurélie connaît déjà son adversaire mardi : ce sera la Slovène Urska Cavic, 48e mondiale (notre Française est 199e).