L'appel de Coubertin au rétablissement des jeux olympiques
Culture26 nov. 2022
Le 25 novembre 1892 à La Sorbonne, le Baron Pierre de Coubertin appel à rétablir les Jeux Olympiques.
Retour sur différentes tentatives infructueuses de rétablissement de Jeux inspirés de la Grèce antique.
Les fêtes olympick britanniques du XVIe siècle
Aux XVIIe siècle, dans les années 1620, les Britanniques, à l’initiative d’un avocat nommé Robert Dover, organisèrent dans les Costwolds, au sud-ouest de l’île, des fêtes « Olympick », ou Jeux Olympiques de Dover (Douvres) qui attiraient chaque année des milliers de spectateurs.
Au programme, des épreuves de force et de combat en particulier : lancer de marteau, combat contre des ours, combat de gourdins et autres pratiques de confrontation physique. Malgré leur succès, ces Jeux ne résistèrent ni à la guerre civile, ni au décès de leur créateur.
Marquée par les découvertes archéologiques faites en Grèce, l’Europe connait au XIXe siècle, une importante vague helléniste qui va replacer les Jeux Olympiques dans les représentations populaires, en particulier en France et en Angleterre.
Les olympiades de la république
Conséquence de cet élan helléniste, les Jeux Olympiques inspirent donc. La révolutionnaire Olympiade de la République, votée aux Tuileries en 1793, est ainsi une manifestation populaire et sportive, et plus particulièrement équestre, qui a connu trois éditions, entre 1796 et 1798. Ces Olympiades sont, un siècle avant la création du CIO, la première rénovation réussie de Jeux à grande échelle ; des Jeux non pas olympiques et liés au sport moderne au sens où nous l’entendons, mais déjà inspirés de la Grèce antique.
Le 22 septembre 1796, ils sont ainsi 200 000 citoyens à assister sur le Champ de Mars à la première édition et à ses spectacles, joutes navales sur la Seine et courses, à pied, à cheval, en char. Dédiée à la Paix et à la Fécondité, cette Olympiade s’enrichit de références directes à l’Antiquité, avec un défilé de quadriges, des courses de chars à l’antique, une arène pour la course des bagues et des prestations artistiques.
En 1798, la manifestation parisienne innove. Le programme évolue. Il intègre notamment la lutte, les chevaleresques joutes équestres et de nouvelles distances de courses. Ces dernières sont les premières compétitions sportives chronométrées et l’on y fait usage pour la première fois usage du système métrique.
Un défilé des athlètes derrière les emblèmes des provinces françaises et des récentes conquêtes - du côté des Pays-Bas, de la Suisse et de l’Italie - marque par ailleurs l’ouverture de l’Olympiade. Là encore, l’actualité politique et les événements militaires vont sonner le glas de cet événement.
Les jeux olympiques de Zappas
La Grèce ne pouvait rester éloignée des tentatives de rénovation des Jeux Olympiques et une série d’événements sportifs se font jour à Athènes en Grèce en 1859, 1870 et 1875 parrainés par un homme d’affaires hellène, Evangelis Zappas. Ces événements, connus comme les Jeux Olympiques de Zappas, étaient l’un des premiers réveils des Jeux Olympiques antiques à l’ère moderne.
La contribution d’Evangelis Zappas était vitale : hébergés à ses propres fonds, ils s’appuient encore sur ses ressources pour l’organisation des Jeux ainsi que pour la construction des infrastructures indispensables à l’événement.
Au début de l’année 1856, le gouvernement grec ne soutenait pas cette idée de rénovation de Jeux Antiques, craignant que la Grèce ne paraisse primitive parmi les nations européennes si elle relançait ces jeux sportifs, vus comme un retour au temps archaïque. Néanmoins, Evangelis Zappas réussit à faire connaître ses efforts de faire renaître les Jeux antiques via la presse. Le Roi Otto décide alors d’organiser ces jeux tous les quatre ans, avec des expositions industrielles et agricoles, avec le soutien financier de Zappas, qui fournit également au gouvernement grec les moyens nécessaires à la création d’un fond olympique.
Les Jeux de Zappas s’ouvrent le 15 novembre 1859, dans une dimension uniquement nationale. Les athlètes concourent dans une variété de disciplines, le plus souvent similaires à celles des jeux antiques : disque, javelot, sauts, etc.
L'édition suivante, en 1970, connait des améliorations notables, notamment à la suite des investissements massifs d’Evangelis Zappas, et ce malgré son décès en 1865. Les Jeux Olympiques de Zappas s’évaporent cependant dans les années qui suivent la dernière édition, du fait notamment des conséquences de la guerre franco-prussienne mais aussi d'une longue période de litige entre le gouvernement grec et un groupe de proche de Zappas au sujet de ses legs.
Et le baron Pierre de Coubertin
Pierre de Coubertin n’a donc pas tout inventé et n’a pas été le premier à vouloir la rénovation des Jeux Olympiques. Il reste toutefois celui qui en a proposé une approche nouvelle, appuyée sur le sport moderne, une philosophie de vie, l’Olympisme et une représentation sacralisée qui ont finalement contribué au succès historique de son initiative.
Autre nouveauté, la dimension pédagogique du projet coubertinien. Là encore, il n’était pas le premier et les Jeux Olympiques du Rondeau, nés près de Grenoble en 1832, font figure d’inspiration directe de Coubertin. Jusqu’en 1905, ces Jeux, entre sport moderne, antique et concours d’art, s’enrichirent de symboles et cérémonies qui sensibilisèrent Coubertin qui en récupéra quelques fondamentaux, à commencer par la devise du séminaire du Rondeau, devenu devise olympique :
"Citius, Altius, Fortius"