Sur les traces des Jeux d'hiver - Saint Moritz 1928
Culture03 nov. 2025
Chaque semaine retrouvez l’histoire de l’Equipe de France depuis les premiers Jeux d’hiver de Chamonix 1924 jusqu’à aujourd’hui. Retrouvez cette semaine l'édition de Saint-Moritz 1928.

Saint Moritz 1928 - Suisse
Du 11 au 19 février 1928, quatre ans après Chamonix, la flamme olympique traverse les Alpes pour rejoindre la vallée de l’Engadine, en Suisse. Pour la 2e édition des Jeux Olympiques d’hiver, Saint-Moritz est la ville hôte et s’impose déjà comme un lieu emblématique de la culture alpine.
Depuis la fin du XXe siècle, elle est désignée comme une station mondaine qui offre un décor idyllique mais également des conditions météorologiques difficiles, ce qui marquera profondément cette 2e édition des Jeux d’hiver.
Pour cette 2e édition, Saint-Moritz accueille 464 athlètes venus de 25 pays dont 26 femmes, une légère progression par rapport à Chamonix 1924. La délégation française compte 38 athlètes.
Les moments marquants des Français
L’eau et la glace…
Jean Thorailler, le porte drapeau de la délégation française est une figure singulière. Seulement remplaçant dans les équipes de bobsleigh, il incarne tout de même la polyvalence des premiers athlètes olympiques car il avait déjà défendu les couleurs françaises aux Jeux d’été d’Anvers en 1920 en tant que gardien de but en water-polo.
Son histoire montre une époque où le sport amateur permettait la polyvalence et où la passion guidait les carrières sportives.

Après moi, le dégel…
Des températures atteignant +25°C font fondre la neige et perturbent ainsi les épreuves notamment le 50km de ski de fond.
Les équipes se trompent ainsi dans le choix du fart, indispensable pour la glisse. Notre équipe française composée de Camille Médy et Jean-Camille Tournier abandonnent dès le 10e kilomètre, suivis d’Evariste Part et Henri Milan vers le 40e kilomètre.
Cette chaleur inhabituelle à cette période de l’année restera dans les annales comme l’un des premiers grands “coups de climat” de l’histoire des Jeux Olympiques.

Une France en Or…
Lors de cette 2e édition, le couple de patineurs artistique, Andrée Joly et Pierre Brunet entrent dans l’histoire du sport français. En effet, quatre ans après le bronze à Chamonix, ils s’imposent à Saint-Moritz et parent la France de sa première médaille d’or lors des Jeux Olympique d’hiver.
Champions du monde en 1926 à Berlin, les deux patineurs parisiens dominent les épreuves des Jeux d’hiver par leurs grâce et leurs innovation. Ils perfectionnent les portes synchronisés et le patinage en miroir, ce qui est une véritable révolution artistique à cette époque. La France s’installe ainsi parmi les nations fondatrices du patinage artistique moderne.

Les hockeyeurs manquent le coche…
L’équipe de France de Hockey sur glace passe tout proche d’un exploit car elle échoue à se qualifier pour la poule finale suite à la défaite 3-1 contre la Belgique. Après avoir brillamment tenu tête à la Grande-Bretagne.
Aussi les conditions de préparation sont particulièrement éprouvantes : Léon Quaglia, Albert Hassler et Gérard Simond, ont en effet passés la veille du match à ravitailler leurs camarades engagés sur le 50km de ski de fond, parcourant plus de 10km en montagne. Cela symbolise ainsi la solidarité d’une petite équipe nationale loin des logiques professionnelles de nos jours.

Ainsi, Saint-Moritz 1928 confirme la vocation internationale des Jeux d’hiver et leur dimension mondaine. En effet la station attire déjà les aristocrates et la haute société européenne mais également les premières grandes équipes structurées de Scandinavie et d’Amérique du Nord.
Aux regards des aléas climatiques, l’édition est tout de même considérée comme une réussite. Saint-Moritz devient ainsi la capitale symbolique des sports d’hiver, la ville accueillera d’ailleurs les Jeux d’hiver en 1948.
Prochain épisode Notre série “Sur les traces des Jeux d’hiver” se poursuit prochainement avec l’édition de Lake Placid 1932, marquée par la traversée de l’Atlantique et les premières éditions américaines du grand récit Olympique d’hiver.